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Piet Dircke

Global Director for Climate Adaptation

Les ports sont essentiels au commerce mondial, mais ils sont confrontés à des défis considérables. Piet Dircke, Global Director Climate Adaptation chez Arcadis, pointe les éléments les plus importants.


Les ports et villes portuaires sont des zones complexes où interviennent divers acteurs et parties prenantes. Pour préparer ces environnements aux défis à relever à l’avenir, nous devons donc assembler toutes sortes de pièces de puzzle. À cet égard, une feuille de route ou un plan par étapes peut s’avérer bien utile. D’une part, se pose la question de la durabilité, principalement axée sur la transition énergétique et la neutralité carbone. D’autre part, il y a le thème de la résilience, dans lequel l’adaptation au changement climatique joue un rôle prépondérant.

Dans le présent article, Piet Dircke d’Arcadis se penche sur sept aspects essentiels pour rendre résilients nos ports et villes portuaires et propose par la même occasion autant de solutions.

1. Phénomènes météorologiques

Le changement climatique entraîne une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Cela se traduit entre autres par une fréquence accrue des tempêtes. Les dégâts causés par les ouragans Ike et Harvey à la ville de Houston et à son port illustrent la menace qui pèse sur nos zones portuaires. Il s’agit souvent de villes « ouvertes » situées sur le delta d’un fleuve et établies au niveau de la mer. Il n’est donc pas possible de les abriter derrière une digue. D’une part, il faut maintenir les ports aussi ouverts que possible et, d’autre part, ceux-ci doivent être protégés de manière adéquate.

La solution : un barrage anti-tempête mobile et navigable assure un équilibre entre ouverture et protection. Il s’agit d’une grande porte en acier qui peut être fermée en cas de gros temps. Le Maeslantkering de Rotterdam et notre barrage anti-tempête de Nieuwpoort, à l’embouchure de l’Yser, sont des exemples de ces structures de haute technologie. Ces aménagements impliquent un investissement de plusieurs centaines de millions, voire de plusieurs milliards, mais leur impact sur l’écosystème et la navigation est très limité.

2. Solutions fondées sur la nature

La nécessité de solutions fondées sur la nature pour renforcer nos côtes est de plus en plus pressante. De telles solutions respectueuses des écosystèmes contribuent en effet à la durabilité des ports. Mais comment y parvenir concrètement au moyen d’une solution de génie civil comme une digue ou un barrage anti-tempête qui doit aussi fournir une protection suffisante ?

La solution : un barrage multifonctionnel combine un volet abstrait et un volet concret. Il implique une approche intégrée de la sécurité de l’eau et du développement spatial dans un environnement urbain. Pour ce faire, on peut par exemple dissimuler une digue sous une dune. Souvent, cette réflexion débouche sur des solutions multifonctionnelles qui apportent également une valeur ajoutée économique dans les zones urbaines denses, comme le parking de Katwijk. Les projets réalisés le long de la bande côtière de Lower Manhattan illustrent ainsi les possibilités offertes par la multifonctionnalité dans une ville de New York fortement urbanisée.

3. Élévation du niveau des mers

L’élévation du niveau des mers est une autre conséquence du changement climatique. Elle pourrait constituer une menace encore plus grande pour nos zones portuaires. Les problèmes sont nombreux, de la salinisation de l’arrière-pays aux problèmes d’eau potable en passant par des affaissements.

La solution : il est impossible de contrer l’élévation du niveau des mers à l’aide d’un barrage anti-tempête. La solution consiste donc principalement à surélever ou à déplacer les zones à risque.

4. Matériaux de dragage

Pour préserver la profondeur des chenaux en zone portuaire, ceux-ci sont régulièrement dragués. Les boues extraites lors de ce processus sont souvent polluées. Elles peuvent par exemple contenir des produits chimiques ou d’autres substances nocives. La gestion des matériaux de dragage est donc une compétence mixte soumise à toutes sortes de lois et réglementations. De plus, le coût de leur élimination est élevé.

La solution : moyennant le traitement nécessaire, les déchets de dragage peuvent en principe être réutilisés pour aménager des berges respectueuses de la nature. Les ports de Rotterdam, New York et La Nouvelle-Orléans, entre autres, examinent actuellement les possibilités en la matière. Ils mettent bien sûr l’accent sur la sécurité des matériaux utilisés.

5. Réaménagement

Les villes portuaires se caractérisent par une dynamique particulière. Lentement mais sûrement, les activités s’y développent, ce qui se traduit par des navires toujours plus grands transportant davantage de conteneurs, qui nécessitent des bassins plus larges, des murs de quai plus longs et des chenaux plus profonds. Les activités portuaires sont par conséquent de plus en plus éloignées des centres-villes, où de nombreux ports ont vu le jour historiquement. On peut en voir des exemples un peu partout dans le monde, notamment à Rotterdam, Hambourg, Londres, New York et San Francisco.

Les zones ainsi libérées offrent de nouvelles possibilités de développement urbain le long des fronts de mer, souvent attrayants. Mais il n’est pas rare qu’il s’agisse de quartiers à l’abandon et pollués où les habitants restants sont en proie au chômage, à la criminalité et à d’autres problèmes sociaux. Les projets de redéveloppement visant à revitaliser ces fronts de mer requièrent dès lors une approche particulière qui ne se contente pas d’examiner les opportunités économiques, mais implique également tous les groupes de population. Ainsi, la cohésion sociale et l’emploi local sont stimulés.

La solution : les exemples de réussite à Rotterdam, Londres, Copenhague, Stockholm, New York, La Nouvelle-Orléans, San Francisco, Houston, Singapour et Hong Kong, entre autres, montrent comment les villes mettent en œuvre une nouvelle dynamique pour leurs habitants, entreprises et visiteurs. Ce n’est pas un hasard si elles sont souvent à la pointe de l’adaptation au changement climatique. D’autres villes peuvent s’en inspirer, même si le fait que les ports soient concurrents les uns des autres peut compliquer quelque peu ce processus.

6. Villes flottantes

Les villes ne sont pas les seules à pouvoir bénéficier d’un réaménagement. Les zones humides qui tombent en désuétude en raison de la dynamique portuaire ont aussi parfois besoin d’une nouvelle affectation. Elles offrent à tout le moins de belles possibilités.

La solution : Rotterdam, Londres et Hambourg montrent déjà comment utiliser intelligemment l’espace disponible. Maisons flottantes, bureaux et même fermes sur l’eau sont une réponse à l’augmentation de la population, ainsi qu’à la hausse du niveau des mers. Situé dans le Rijnhaven, Floating Office Rotterdam est déjà le plus grand immeuble de bureaux flottant au monde. À Hambourg, l’ancienne zone portuaire sur l’Elbe a été transformée en HafenCity.

7. Transport sur l’eau

Nos villes portuaires s’ensablent. De plus, le transport routier (de passagers) est un mauvais élève en termes de durabilité.

La solution : le transport sur l’eau est souvent possible dans les villes portuaires. Il rend certaines zones plus accessibles tout en délestant d’autres régions. Cela peut notamment se faire par le biais de bacs et de bateaux-bus, comme à Rotterdam et à New York. Constitué de bateaux d’habitation, le quartier flottant de Sausalito, dans la baie de San Francisco, montre déjà les possibilités. Ce petit port met principalement l’accent sur le tourisme et joue pleinement la carte du transport sur l’eau.


Exploiter ensemble les possibilités

Les ports sont un maillon important de notre économie. Leur ouverture et leur faible altitude les rendent cependant très vulnérables aux conséquences du changement climatique. Les villes portuaires doivent s’armer contre ce phénomène en adoptant des solutions durables, mais elles peuvent en même temps exploiter toutes sortes de possibilités offertes par cette transformation. Les aspects importants mis en lumière ci-dessus peuvent servir de base à la rédaction d’une feuille de route.

Il est essentiel d’impliquer dès le départ toutes les parties prenantes dans le processus. Les villes portuaires regroupent en effet toutes sortes d’entreprises et de services publics, et chaque partie (privée ou publique) a ses propres intérêts. La collaboration est donc cruciale. Chacun doit contribuer à la recherche de solutions intégrées et multidisciplinaires. Arcadis peut également apporter son aide en fournissant accompagnement et soutien.